Propriété du département du Vaucluse depuis 1897, le château de La Tour d’Aigues constitue sans aucun doute un des plus grandioses témoignages de l’architecture privée de la Renaissance.
Cet édifice majestueux, qui reçut Catherine de Medicis en 1574, connut un triste destin puisque, d’abord partiellement endommagé par un incendie en 1782, il subit 10 ans plus tard l’œuvre de destruction des révolutionnaires.
La richesse du patrimoine historique et la vocation touristique du Sud-Luberon permettaient la création d’un pôle de développement culturel et touristique adapté à l’économie locale, et c’est dans cet esprit que l’Assemblée Départementale a, en 1980, décidé d’une restauration partielle du château et d’un aménagement de ses caves et de son pavillon sud-est.
L’objectif était d’y inclure le Musée des Faïences, exposant les pièces mises à jour pendant les fouilles – ce qui a été fait-, une antenne du Parc Naturel Régional du Luberon, -également réalisée-, de même que le pôle d’information touristique locale. Le Musée de la Vigne et du Vin et l’exposition permanente des fleurons d’une agriculture locale diversifiée, eux aussi initialement prévus, n’ont, par contre, jamais vu le jour.
Sur le plan de l’animation culturelle et artistique, le Château de La Tour d’Aigues a représenté un lieu emblématique non seulement pour La Tour d’Aigues mais pour toute la vallée d’Aigues. Une association dynamique y organisait des expositions thématiques de haut niveau, des vernissages nombreux et variés, et surtout des spectacles et un Festival d’été à grand rayonnement local et régional.
On se souvient des concerts de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, des spectacles du théâtre du Chronope et celui du Chêne Noir, des spectacles de danse du Ballet des Jeunes d’Europe de Jean Charles Gil, et de la troupe de Josette Baïz. Plusieurs centaines de spectateurs se pressaient alors sur les gradins.
Le donjon gardait sa fonction de fond de scène et les spectateurs avaient une salle de spectacle largement ouverte devant eux.
Le Château, à l’époque « heureuse » dont nous parlons, s’en sortait toujours ! Le budget annuel était de 300.000 € ; les subventions de 200.000 € dont 170.000 du Conseil Général, et les fonds propres de l’association faisaient le reste. Le C.G en avait même fait le pôle Culturel du Sud Luberon.
Il y avait certes 10.000 € de déficit chaque année, mais ce n’était pas la mer à boire. La commune, ou Cotelub, sollicitées par les Présidents successifs, auraient pu le prendre en charge et pérenniser ainsi ce lieu de culture emblématique pour le Sud Luberon s’il y en avait eu la volonté.
La mauvaise gestion du Conseil Général sortant, habitué à voter son budget le plus tard possible, et surtout à ne libérer les subventions promises qu’avec plusieurs mois de retard, et sans qu’on sache à l’avance ni quand ni comment, n’a rien arrangé !
L’ Association du Château avait obtenu du Conseil Général des plans de gestion triennaux associant objectifs d’engagements et subventions correspondantes. Ces plans ont été brutalement supprimées, désorganisant les finances et surtout privant l’association du soutien bancaire puisque son financement par la tutelle n’était plus sécurisé.
Le C.G. a par ailleurs décidé du plus mauvais choix de nouveaux gradins (un autre projet avait été choisi à l’unanimité par l’ancien bureau). Le choix funeste de ces mauvais gradins, laids et inconfortables, en position latérale, démontables chaque année, avec manutention et stockage, ont coûté une fortune : 60.000 € par an ! Ils ont privé le Château de sa magnifique scène et du fond de scène que représentait le Donjon. Le public ne s’y est plus retrouvé et l’a fait savoir.
En outre, le C.G., avec l’accord du Maire actuel, a en 2010 imposé le choix d’une association de Jazz et Musique Improvisée (AJMI), amie à plusieurs titres de nos élus sortants, à laquelle il a attribué la quasi totalité de la subvention destinée au festival d’été et à l’animation culturelle du Château . Il s’agissait quand même de 24000 € par an, ainsi «enlevés » à l’association du Château pendant 4 ans, soit 96.000 € ! Ce projet, mené au mépris total de la mission confiée à l’association par le C.G. lui même, sans aucune concertation, sans réflexion quant à sa pertinence et sa possibilité technique d’existence à long terme, a été un échec cuisant et le résultat de cet opportunisme mal placé est là.
Tous ces choix, décidés unilatéralement contre l’avis de l’association gestionnaire, par le C.G. et le Maire actuel, ont ainsi fait « fuir » le nombreux public habituel des saisons d’été du Château qui venait y voir du théâtre et de la danse, et ont précipité dans le rouge les finances de l’association pour aboutir au naufrage actuel. Et l’absence de responsable compétent a également laissé le personnel orphelin d’ une direction d’animation pour aboutir aujourd’hui à le priver de son outil de travail et donc de son emploi.
Pourtant, les responsables de l’association ont pendant ces périodes, à de nombreuses reprises, par courriers répétés et par des rencontres, alertés le C.G. de la situation générée par l’absence de convention, les financements incertains et l’absence de concertation sur le projet culturel et artistique.
On peut donc bien dire que ce sont sa surdité à ces alertes et les diktats irréfléchis du Conseil Général sortant, associés depuis un mandat à une absence totale de volonté municipale, et à une absence de direction cohérente sur place, qui ont abouti à ce fiasco.
Nous ne laisserons pas se fermer les portes du Château de La Tour d’Aigues, ni disparaître ce lieu de culture emblématique pour la vallée sans rien dire !
Les salaires et charges absorbaient la totalité des subventions (200.000€ pour 5 emplois, et plus en saison), et il ne restait rien pour les activités culturelles et artistiques.
Il faut donc soit que ces dernières s’autofinancent complètement, et on sait bien que c’est quasi impossible, soit réduire les charges.
Nous proposons de dissocier d’une part la gestion du Château lui-même: entretien du monument, visites historiques, Musée des Faiences, et les salaires et charges s’y rattachant, qui sont de la seule compétence du C.G.
De l’autre, le projet culturel et artistique, exclusivement du domaine associatif, dont les charges doivent être assumés par la commune et Cotelub, avec l’aide des associations bénévoles correspondantes, selon les variables saisonnières.
Nous demandons au futur Conseiller Départemental de mettre devant leurs responsabilités la municipalité de La Tour d’Aigues et Cotelub pour qu’elles assument enfin, en partage avec le Conseil Général, l’avenir de ce monument phare de la vallée d’Aigues .
Antoine MEDVEDOWSKY et Christian OSTERMANN
Anciens Présidents de l’Association Château de La Tour d’Aigues
Merci Maurice
Le 30 Novembre dernier, notre cher ami Maurice nous a quitté dans sa 87ème année, avec sa discrétion et son élégance habituelle, sans rien dire, mais après plusieurs mois d’épreuves.
Pendant 12 ans, il nous a accompagné dans la gestion et l’animation de l’Association du Château de La Tour d’Aigues, tout à sa fonction de secrétaire pendant 8 ans, avec des apports toujours marqués de bon sens et de sagesse.
Cet article sur la fin de « notre » association, nous avions commencé à en parler avec toi et nous te le dédions ; merci Maurice pour tout ce que tu as apporté aux autres.
Antoine MEDVEDOWSKY